Après plusieurs semaines à haut risque, « les européens se sont finalement entendus pour consacrer jusqu’à 540 milliards d’euros aux ravages économiques causés par le coronavirus », nous indiquait Virginie Malingre dans le Monde du 11 avril 2020 (https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/10/coronavirus-les-europeens-s-entendent-sur-un-plan-de-soutien-a-plus-de-500-milliards-d-euros_6036171_3234.html). Même si des ambiguïtés subsistent dans l’accord trouvé par les ministres des finances de l’Union Européenne le 9 avril dernier, une réponse multilatérale et coordonnée se dessine quelques semaines seulement après le début de la crise sanitaire en Europe. Une réactivité inimaginable il y a dix ans quand l’Europe avait mis deux ans pour bâtir une réponse commune à la crise financière de 2008.
Certes, ces discussions, émaillées de conflits et de tentatives de coopération, ont ravivé les clivages que nous avons connus pré-avènement de l’euro entre le nord de l’Europe et les pays dits des « devises du Club Med ». S’y ajoutent désormais des craintes liées à l’évolution de la politique intérieure de certains pays européens depuis une dizaine d’années, tels que les risques de montée du populisme aux Pays-Bas qui expliquent probablement en partie la réticence du ministre néerlandais des finances vis-à-vis de cet accord.
En effet, outre l’apport de 100 milliards d’euros pour le financement des mesures de chômage partiel, les prêts accordés aux entreprises à hauteur de 200 milliards d’euros via la Banque européenne d’investissement (BEI), les ministres des finances se sont finalement entendus sur une ligne de crédit de 240 milliards d’euros allouée aux dépenses de santé par le Mécanisme européen de stabilité (MES), sans devoir en contrepartie s’engager sur des réformes, comme le demandait La Haye.
Prochaine étape sur le chemin de la cohésion : l’émission d’obligations communes pour financer la sortie de crise. Ces obligations présenteraient deux avantages : leur coût de financement, aligné sur le taux d’émission allemand, le plus bas d’Europe, ainsi que le montant à rembourser potentiellement aligné sur la proportion du PIB de chaque pays dans l’Union Européenne. Mais dans ce cadre, certains pays, comme l’Allemagne, pourraient avoir à rembourser davantage du fait du poids de leur économie. « Les coronabonds » : un nouveau test décisif donc pour l’Union Européenne …